Le récit
Le soleil était déjà assez haut dans la plaine du jourdain lorsque sur les hauts plateaux de Canaan trois hommes apparurent parmi les chênes de Mamré. Abraham, assis devant sa tente, se leva promptement et alla vers eux. Il leur proposa de se reposer un instant avant de continuer leur route ; ils acceptèrent. Sarah fit cuire du gâteau et de la viande de veau ; puis, après avoir mangé, ils se levèrent pour s’en aller. L’un d’eux, l’Éternel, dit à Abraham :
- Le cri contre Sodome et Gomorrhe s’est accru, et leur péché est énorme. C’est pourquoi je vais descendre, et je verrai s’ils ont agi entièrement selon le bruit venu jusqu’à moi; et si cela n’est pas, je le saurai.
Abraham pensa à son neveu Lot qui habitait la plaine du jourdain et, inquiet, lui demanda :
- Feras-tu aussi périr le juste avec le méchant? Peut-être y a-t-il cinquante justes au milieu de la ville: les feras-tu périr aussi, et ne pardonneras-tu pas à la ville à cause des cinquante justes qui sont au milieu d’elle? Faire mourir le juste avec le méchant, en sorte qu’il en soit du juste comme du méchant, loin de toi cette manière d’agir! loin de toi! Celui qui juge toute la terre n’exercera-t-il pas la justice?
Ainsi commença entre l’Éternel et Abraham une discussion qui s’acheva par un accord : si l’Éternel trouvait ne serait-ce que dix justes dans la ville, pour ceux-ci Il ne la détruirait pas.
Et l’Éternel s’en alla.
Il était presque soir dans la vallée du jourdain ; le soleil, avant de se coucher, glorifiait la magnificence et l’orgueil de Sodome, belle comme un jardin de l’Éternel, splendide comme le pays d’Égypte. Quelques d’agriculteurs, revenant des champs, saluèrent les quelques hommes qui achevaient de bâtir une citadelle sur la place de la ville avant de s’engouffrer chacun dans sa maison. Non loin de là, au petit marché de cultures vivrières, des clients retardataires achetaient ce qu’il leur fallait de vivre pour le repas du soir.
Les deux hommes avançaient d’un pas hésitant vers l’entrée de la ville ; elle avait la réputation d’être inhospitalière et, ses habitants hautains se livraient à toutes sortes de dépravations. De jeunes sodomites, assis en cercle à même le sol à ne rien faire, mangeant des friandises et buvant du vin, les regardèrent avec des yeux malicieux. Avant que les deux étrangers n’entrassent dans la ville un homme sortit de sa maison et les convia à passer la nuit chez lui : il s’appelait Lot.
Après le festin qu’il leur donna, et tandis qu’ils s’apprêtaient à aller au lit, on cogna à sa porte. Lot, sortant et fermant le battant derrière lui, se trouva nez à nez avec la population entière de la ville, adultes et enfants :
- Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit? Fais-les sortir vers nous, pour que nous les connaissions.
Lot, ayant vécu avec son oncle Abraham, connaissant le Dieu que ce dernier sert, et sachant les valeurs qui lui plaisent, protégea les étrangers, allant même jusqu’à proposer ses filles vierges aux agresseurs afin qu’on laissât ses visiteurs tranquilles. Les habitants de la ville ne les voulurent pas. Tandis qu’ils pressaient Lot pour lui faire du mal, l’un des deux étrangers ouvrit la porte et tira leur hôte à l’intérieur. Ils dévoilèrent à Lot leur identité, mais aussi le but de leur visite. Dehors les habitants de Sodome s’apprêtaient à forcer la porte de la maison ; alors les étrangers, qui en fait étaient les anges de l’Éternel, les frappa de cécité. Ils passèrent le restant de la nuit dans les ténèbres, à chercher l’entrée de la maison de Lot.
Au petit matin, les anges pressèrent Lot et sa famille de sortir de la ville car ils allaient la détruire. Celui-ci alla demander à ses gendres de venir avec eux, mais ceux-ci crurent qu’il plaisantait. Et sitôt que Lot et sa famille furent en sécurité dans la ville la plus proche, Tsoar, les anges firent tomber une pluie de feu et de soufre sur Sodome, Gomorrhe, et les villes alentour. Cependant, désobéissant à la consigne des exterminateurs, la femme de Lot regarda en arrière et devint une statue de sel. Seul Lot et ses deux filles réussirent à se sauver de cette punition de Dieu.
La morale
Ce récit est un épisode de la vie d’Abraham et de celle de son neveu Lot. Il nous montre comment Dieu punit les hommes, et pourquoi il les punit.
D’abord c’est le récit qui nous montre, par ces mots, la première raison pour laquelle Dieu châtie Sodome : « Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit? Fais-les sortir vers nous, pour que nous les connaissions. » Ici, nous faisons face à l’immoralité sexuelle et, l’épitre de Jude au verset 7 le corrobore en ces termes : « … que Sodome et Gomorrhe et les villes voisines, qui se livrèrent comme eux à l’impudicité et à des vices contre nature, sont données en exemple, subissant la peine d’un feu éternel. »
Ensuite, en investiguant, on trouve dans le livre du prophète Ézéchiel l’autre raison pour laquelle Dieu détruit Sodome. Au chapitre 16, versets 49-50 de ce livre on peut lire : « Voici quel a été le crime de Sodome, ta sœur. Elle avait de l’orgueil, elle vivait dans l’abondance et dans une insouciante sécurité, elle et ses filles, et elle ne soutenait pas la main du malheureux et de l’indigent.Elles sont devenues hautaines, et elles ont commis des abominations devant moi. Je les ai fait disparaître, quand j’ai vu cela. » On peut résumer ces chefs d’accusation en un seul mot : la luxure.
Connaitre le péché de Sodome et de Gomorrhe nous aide à ne pas le reproduire car, l’épisode de la vie de Lot que nous venons de relater montre le châtiment qui attend ceux qui agissent comme eux. Le récit nous montre aussi que faire du bien et pratiquer l’hospitalité peut nous sauver la vie. Ici, nous avons une preuve de ce que l’Apôtre Paul disait en Hébreux chapitre 13, verset 2 : « N’oubliez pas l’hospitalité; car, en l’exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir. » Enfin, le texte nous montre les conséquences de la désobéissance aux commandements de Dieu : la femme de Lot, pour avoir ignoré une consigne, en a payé de sa vie le prix.
La dimension allégorique
C’est le Christ, en l’Évangile de Luc au chapitre 17 verset 32 : « Souvenez-vous de la femme de Lot », qui introduit l’idée d’une allégorie dans le scénario de la destruction de Sodome et Gomorrhe. De mon avis, il n’y a pas qu’un seul niveau allégorique dans ce texte, mais plusieurs ; j’en ai trouvé 3
Le premier niveau allégorique préfigure la condition du chrétien, représenté ici par Lot et sa famille. C’est une famille pieuse qui, même vivant au milieu des méchants, garde les commandements de Dieu, voilà pourquoi elle donne l’hospitalité à ces étrangers sans même soupçonner qui ils sont, ni même avoir peur des conséquences de leur acte. Dans l’Évangile de Jean au chapitre 15, verset 13, Jésus déclare : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Lot, en se mettant entre les étrangers et les gens de Sodome, préfigurait déjà ce commandement. Ensuite, lorsqu’il propose ses filles pour qu’on épargne les anges, beaucoup de gens trouvent étrange ce comportement, certains même le trouve irresponsable. Mais ce geste préfigurait le commandement que le Christ donnerait plus tard en l’Évangile de Matthieu au chapitre 10, verset 37 : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi; »
Dans ce court récit, l’Évangile est prêché à au moins 3 reprises : d’abord, Lot prêche par l’exemple, car il sera taxé de « Juste » par l’Apôtre Pierre dans sa deuxième épitre au chapitre 2, versets 7 et 8 : « et s’il a délivré le juste Lot, profondément attristé de la conduite de ces hommes sans frein dans leur dissolution(car ce juste, qui habitait au milieu d’eux, tourmentait journellement son âme juste à cause de ce qu’il voyait et entendait de leurs œuvres criminelles); » Ensuite, Lot prêche le bien aux habitants de Sodome lorsqu’ils réclamaient les étrangers pour avoir des relations immorales avec eux. Il dit ceci : « Mes frères, je vous prie, ne faites pas le mal ! » (Genèse 19 : 7) Mais en réponse il reçoit des tribulations. Enfin, Lot prêche la fin de leur monde à ses gendres, et leur demande de fuir le châtiment avec lui, mais ils se disent qu’il plaisante, comme plus tard beaucoup croiront que les chrétiens plaisantent.
Le récit de la chute de Sodome et Gomorrhe préfigure la Grâce divine, Lot le confirme en le livre de la Genèse au chapitre 19, verset 19 : « Voici, j’ai trouvé grâce à tes yeux, et tu as montré la grandeur de ta miséricorde à mon égard, en me conservant la vie; mais je ne puis me sauver à la montagne, avant que le désastre m’atteigne, et je périrai. » Souvenez-vous que Dieu déclare que s’il y a 10 justes dans la ville Il ne la détruirait pas. Mais il s’en est trouvé seulement 4, alors l’Éternel a détruit la ville tout en épargnant les 4 vies : pourquoi ? Le livre de la Genèse au chapitre 19, verset 29 dit : « Lorsque Dieu détruisit les villes de la plaine, il se souvint d’Abraham; et il fit échapper Lot du milieu du désastre, par lequel il bouleversa les villes où Lot avait établi sa demeure. » C’est donc par égard à Abraham que Dieu ne détruisit pas Lot et sa famille. Seule sa femme périt, car elle illustre bien les propos de Jésus en l’Évangile de Luc au chapitre 9, verset 62 : « Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu. » Je disais donc que c’est par égard à Abraham que Dieu ne laissât pas périr Lot et sa famille : Il leur fit Grâce ! Et lorsqu’on découvre qui Abraham préfigure, on comprend mieux cette Grâce…
Je vais faire une parenthèse pour dire qu’il y a une discussion récurrente sur la Grâce de Dieu, et comment lorsqu’on l’a acquis on ne peut plus la perdre ; c’est un malentendu qui est causé par la mauvaise interprétation du concept de la Grâce Divine développé par l’Apôtre Paul dans sa lettre aux Romains et son épitre aux Éphésiens. Dans ce récit, la femme de Lot obtient la Grâce de Dieu, mais elle périt. Jésus pointe ce détail en l’Évangile de Luc au chapitre 17, verset 32 : « Souvenez-vous de la femme de Lot ! » comme pour nous mettre en garde. L’Apôtre Paul, plus clairement, dit en sa première lettre aux Corinthiens au chapitre 10, verset 11, après avoir mentionné dans les 10 premiers versets de la même lettre que certains Juifs perdirent la Grâce après avoir désobéi aux commandements de Dieu : « Ces choses leur sont arrivées pour servir d’exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles. »
Enfin, le voyage de Lot et de sa famille jusqu’à Tsoar préfigure le cheminement du chrétien sitôt que la Grâce lui est accordée. Tsoar étant une sorte de « Terre promise », l’allégorie montre que tous ne seront pas capable d’y arriver, seuls ceux qui restent attachés à la consigne, ou au commandement. Christ dira plus tard dans l’Évangile de Jean au chapitre 15, versets 3 à 6 : « Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée.Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi.Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire.Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche; puis on ramasse les sarments, on les jette au feu, et ils brûlent. » Et nous savons que demeurer en Christ c’est garder ses commandements.
Au deuxième niveau allégorique le récit de la destruction de Sodome et Gomorrhe préfigure la fin des temps. Et pour le montrer, nous allons d’abord ressortir les similitudes avec tous les autres récits bibliques qui sont une allégorie de la fin des temps, puis découvrir qui Abraham préfigure afin de comprendre encore mieux ce qui se passe dans cet épisode de vie là. Mais avant, plus convaincant sont ces mots du Seigneur lorsqu’Il parle de la fin des temps en l’Évangile de Luc au chapitre 17, verset 28 et 29 : « Ce qui arriva du temps de Lot arrivera pareillement. Les hommes mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, plantaient, bâtissaient; mais le jour où Lot sortit de Sodome, une pluie de feu et de souffre tomba du ciel, et les fit tous périr. » N’est-ce pas là une connexion concrète entre l’évènement survenu dans la plaine du jourdain et celui à venir dans la fin des temps ?
Dans la Bible, les quatre récits allégoriques de la fin des temps (en excluant l’Apocalypse car, même si dans la Révélation à Jean des détails restent mystérieux, il est clair que c’est le récit détaillé des évènements de la fin des temps) sont :
Le récit du déluge
Le récit de la destruction de Sodome et Gomorrhe
La délivrance du peuple juif de l’Égypte
La prise de Jéricho
Pour commencer, les éléments communs à tous ces récits sont : la dépravation des mœurs et la méchanceté qui a cours dans les lieux détruits. Puis, à chaque fois c’est un petit nombre de personne qui est sauvé, même dans le cas des juifs esclaves en Égypte (au départ ils étaient près de six cent mille âmes, seuls deux personnes de cette génération entrent en terre promise). Troisièmement, c’est toujours la main de Dieu qui est derrière la destruction, même dans la prise de Jéricho où on a l’impression que ce sont les israélites qui combattent ; souvenez-vous que Josué avant d’attaquer la ville voit un ange de l’Éternel avec une épée, il lui demanda s’il était un ami ou un ennemi, celui-ci lui dit qu’il était le chef de l’armée de l’Éternel (Josué 5 : 13-14)
On remarque aussi dans tous les récits que ceux qui échappent au châtiment sont dans un espace restreint tandis que l’ombre de la mort rode à l’extérieur : Noé dans son arche tandis que les eaux décimaient le reste du monde, les juifs dans leur habitation tandis que l’exterminateur prenait la vie des premiers-nés égyptiens, Rahab et sa famille dans sa maison tandis que la population de Jéricho se faisait tuer, Lot et sa famille enfermés chez eux tandis que les habitants de Sodome cherchaient à les tuer… Et peut-être parce que Dieu déciderait plus tard de ne plus détruire la terre par les eaux, voilà pourquoi il y a moins de détails communs entre l’allégorie du déluge et les autres allégories…
En fait, on retrouve dans les 3 autres allégories la notion des deux témoins – parfois espions— avant la destruction qu’on ne trouve pas dans le récit du déluge. Les deux anges dans le récit de la destruction de Sodome et Gomorrhe avait pour première mission espionner pour confirmer que les accusations montées jusqu’à l’Éternel étaient vraies (Genèse 18 : 21). Moïse et Aaron sont ces deux témoins pour l’allégorie de l’exode juive. Josué envoie deux hommes espionner Jéricho avant que son armée ne se fonde sur la ville (Josué 2 : 1). Le récit de l’Apocalypse fait aussi mention de ces deux témoins (déjà annoncés dans le livre de Zacharie) au chapitre 11, verset 3 : « Je donnerai à mes deux témoins le pouvoir de prophétiser, revêtus de sacs, pendant mille deux cent soixante jours. » Les versets 5 et 6 du même chapitre donnent des spécifications sur les pouvoirs de ces deux témoins : « Si quelqu’un veut leur faire du mal, du feu sort de leur bouche et dévore leurs ennemis; et si quelqu’un veut leur faire du mal, il faut qu’il soit tué de cette manière. Ils ont le pouvoir de fermer le ciel, afin qu’il ne tombe point de pluie pendant les jours de leur prophétie; et ils ont le pouvoir de changer les eaux en sang, et de frapper la terre de toute espèce de plaie, chaque fois qu’ils le voudront. » Ce qui colle bien avec ce que firent les deux anges aux villes de la plaine du Jourdain, pareillement avec ce que firent Moïse et Aaron devant pharaon.
La Bible associe à plusieurs reprise Sodome et l’Égypte. Par exemple, lorsque Lot et Abraham se séparent, le livre de la genèse au chapitre 13, verset 10 dit : « Lot leva les yeux, et vit toute la plaine du Jourdain, qui était entièrement arrosée. Avant que l’Éternel eût détruit Sodome et Gomorrhe, c’était, jusqu’à Tsoar, comme un jardin de l’Éternel, comme le pays d’Égypte. » Le livre de L’Apocalypse au chapitre 11, verset 8 dit aussi : « Et leurs cadavres [des deux témoins] seront sur la place de la grande ville, qui est appelée, dans un sens spirituel, Sodome et Égypte, là même où leur Seigneur a été crucifié. » Ceci nous amène a considérer avec plus attention les éléments des allégories de la destruction de Sodome et ceux de la délivrance du peuple juif de l’Égypte, d’autant plus que la révélation à Jean concernant la fin des temps reprend littéralement l’ensemble des fléaux survenus sur l’Égypte.
En effet, les anges en frappant de cécité les habitants de Sodome les plonge dans les ténèbres, tout comme Moïse et Aaron plongèrent l’Égypte dans les ténèbres pour 3 jours. Jésus dit dans l’Évangile de Matthieu au chapitre 24, verset 29 que le soleil s’obscurcira et que la lune ne donnera plus de sa lumière. Le texte de l’Apocalypse au chapitre 8, verset 12, quant à lui, dit : « Le quatrième ange sonna de la trompette. Et le tiers du soleil fut frappé, et le tiers de la lune, et le tiers des étoiles, afin que le tiers en fût obscurci, et que le jour perdît un tiers de sa clarté, et la nuit de même. » On doit se rappeler que ce sont les habitants de Sodome qui sont dans les ténèbres car, l’intérieur de la maison de Lot est éclairé. La Bible dit aussi que tandis que l’Égypte était dans le noir, les enfants d’Israël avaient de l’éclairage (Exode 10 : 23) ; donc, les deux allégories cadrent bien avec la réalité de l’Apocalypse. D’ailleurs les ténèbres, que ce soit dans le scénario de Sodome, ou celui de l’Égypte, ou encore celui de Jésus et celui de Jean dans l’Apocalypse, précède toujours la fin.
Le récit de la destruction de Sodome, sur le plan allégorique, est complet par rapport aux autres récits qui préfigurent la fin car en plus des éléments qu’il a en commun avec les autres, il en a d’autres qui lui sont unique. Ce constat nous emmène à un troisième niveau allégorique, un niveau qui demande de découvrir qui le patriarche Abraham préfigure pour comprendre le sens de l’allégorie.
Qui Abraham préfigure-t-il ?
Pour le savoir nous allons lire le livre de la Genèse du chapitre 12 au chapitre 25, morceau de parchemin qui nous renseigne sur la vie du patriarche. Nous découvrons après lecture des ressemblances entre la nature et les fonctions d’Abraham et de Jésus ; explorons quelques-unes de ces ressemblances :
- Abraham est une source de bénédiction (Genèse 12 : 2-3 et Genèse 22 :18). Jésus est source de bénédiction et de vie (Jean 11 : 25).
- Abraham quitte sa patrie et la maison de son père pour un autre pays à la demande de Dieu (Genèse 12 : 1). Jésus quitte le ciel, la maison de son père, pour la terre à la demande de Dieu (Jean 3 : 16).
- Sitôt que Abraham commence à invoquer le nom de Dieu, une famine menace sa vie et le pousse à aller séjourner en Égypte (Genèse 12 : 10). Sitôt que Jésus naît, sa vie est menacée. Il va séjourner en Égypte avec ses parents (Matthieu 2 : 13-14).
- Abraham appelle Lot « son frère », même s’il est son neveu (Genèse 13 : 8). Jésus appelle ses disciples « ses frères » (Hébreux 2 : 11).
- Abraham reçoit une promesse de Dieu (Genèse 13 : 15). Jésus a la promesse de Dieu (Psaumes 110 : 1).
- Abraham secourt et sauve son frère Lot (Genèse 14 : 14). Jésus secourt et sauve ses frères les chrétiens (Jean 4 : 42).
- Abraham avait une confiance totale en Dieu (Genèse 15 : 6). Jésus avait une confiance totale en Dieu (Jean 11 : 42).
- Abraham était intègre. Jésus était intègre.
- Dieu établit une alliance avec Abraham selon laquelle il sera père d’une multitude de nations (Genèse 17 : 2-14). Dieu dit à Jésus : Tu es mon Fils, aujourd’hui je t’ai engendré. Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage, les extrémités de la terre pour possession (Psaumes 2 : 7).
- Abraham a la coutume de laver les pieds (Genèse 18 : 4). Jésus lave les pieds de ses Apôtres (Jean 13 : 5).
- Abraham est choisi par Dieu pour garder les voies de l’Éternel. Jésus est choisi par Dieu pour inciter les hommes à garder les voies de l’Éternel.
- Abraham intercède pour les hommes (Genèse 18 : 23-32). Jésus intercède pour les hommes (1 Timothée 2 : 5 et Hébreux 7 : 25)
- Abraham était prophète, pouvant prier pour que ses semblables vivent (Genèse 20 : 7 et Genèse 20 : 17). Jésus était prophète pouvant redonner la vie (Jean 11 :25.)
- Abraham donne à Dieu ce qu’il a de plus précieux : son fils (Genèse 22 : 9-12). Jésus donne à Dieu ce qu’Il a de plus précieux : sa vie (Jean 10 : 17-18).
- Abraham est appelé seigneur et prince de Dieu (Genèse 23 : 6). Jésus est Seigneur et Prince de la vie (Actes 3 : 15).
Si Abraham préfigure Jésus-Christ, l’allégorie de la destruction de Sodome livre d’autre éléments de la fin des temps. On peut donc voir la discussion de l’Éternel et d’Abraham avant la destruction de la plaine du Jourdain (Genèse 18 : 23-32) comme étant une préfigure de l’intercession de Christ pour les chrétiens. Nous comprenons que Dieu détruira la terre parce qu’Il ne trouvera pas assez de justes pour lui faire changer d’avis. Néanmoins, avant de la détruire, et par égard au Christ, Il enlèvera du milieu de la terre les quelques justes trouvés. Souvenez-vous que Lot et sa famille tardaient, alors les anges les prirent par les mains pour les entrainer à l’extérieur de la ville ; ce geste préfigure l’enlèvement de l’église illustré à la première épitre aux Thessaloniciens, chapitre 4 verset 17. Souvenez-vous aussi de ce que Jésus disait en l’évangile de Luc au chapitre 17, verset 34 : « Je vous le dis, en cette nuit-là, de deux personnes qui seront dans un même lit, l’une sera prise et l’autre laissée; » Les gendres de Lot sont laissés, afin de préfigurer ces mots du Seigneur.
En poussant l’allégorie un peu plus loin, je me suis posé certaines questions : pourquoi la Bible ne parle-t-elle plus des autres membres du groupe de Lot, mais se concentre seulement sur sa petite famille ? veut-elle nous orienter vers quelque chose de précis ? Pourquoi cette famille de 3 femmes et un homme ? Pourquoi c’est la mère qui désobéit et non l’une des filles ?
Dans l’Épitre aux Galates, au chapitre 4 verset 24, l’Apôtre Paul dévoile que la femme symbolise une alliance. Ainsi donc, Agar était une alliance, l’ancienne alliance, et Sarah était la nouvelle alliance. La femme de Lot préfigurerait donc une alliance qui va périr, et ses filles, une nouvelle alliance qui irait jusqu’à la montagne, ici symbolisant le Royaume de Dieu aussi mentionné dans le livre du prophète Daniel au chapitre 2, versets 35 et 44-45. Une autre explication serait que Lot préfigure les Apôtres de Christ car, il est disciple d’Abraham (préfigurant le Christ), et bien que vivant au milieu de ce peuple corrompu – Sodome –, il garda les coutumes de son oncle. Sa femme préfigurerait donc l’église qui au fil des ans va se corrompre. Ses filles préfigureraient les églises de la réforme qui, marchant dans les voies de leur père, vont se rendre avec lui jusqu’à la montagne. Et puisque la Bible insiste sur ce détail « conserver la race de notre père » (Genèse 19 : 32 et 34) lorsque les filles de Lot décident de coucher avec lui, nous avons là une préfigure de ce que l’Éternel annoncerait plus tard en le livre du prophète Jérémie au chapitre 31, versets 31-34 : « Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, Où je ferai avec la maison d’Israël et la maison de Juda Une alliance nouvelle, Non comme l’alliance que je traitai avec leurs pères, Le jour où je les saisis par la main Pour les faire sortir du pays d’Égypte, Alliance qu’ils ont violée, Quoique je fusse leur maître, dit l’Éternel. Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël, Après ces jours-là, dit l’Éternel: Je mettrai ma loi au dedans d’eux, Je l’écrirai dans leur cœur; Et je serai leur Dieu, Et ils seront mon peuple.Celui-ci n’enseignera plus son prochain, Ni celui-là son frère, en disant: Connaissez l’Éternel! Car tous me connaîtront, Depuis le plus petit jusqu’au plus grand, dit l’Éternel; Car je pardonnerai leur iniquité, Et je ne me souviendrai plus de leur péché. »