1- Je t’apporte l’épée, mais au bout il y a la paix
Ceints tes reins d’airain, prépare-toi à la guerre ;
2- Muselle ta peur, comme on muselle le taureau du Basan
Prépare-toi à la guerre.
3- Mon épée est à double tranchant, à la fois agnelle et tigresse
Qui percera son mystère ?
4- Mon glaive est brûlant et froid, tel un pic de souffre tel un pic de glace
Qui le prendra en ses mains ?
5- Et comme il est doux le bêlement de l’agnelle, mon soldat le sera
Et comme elle est féroce la colère de la tigresse, mon soldat le sera
6- Mon épée vient à toi comme une femme d’orient, parée de ses plus beaux vêtements
L’aimeras-tu ? Hein, l’aimeras-tu ?
7- Ses chevilles sont ornées d’anneaux d’or, ses reins sont ceints de pierres précieuses ; sur son front il y a un diadème.
8- Son corps filiforme est recouvert de fin lin, mais ce sont ses dents couleur neige du Liban qui lui donnent tout son charme ; lui résisteras-tu ? Hein, lui résisteras-tu ?
9- Mon épée vient à toi comme une femme d’orient, parée de ses plus beaux ornements ; mourras-tu pour elle ? Hein, mourras-tu pour elle ?
10- L’homme puissant a convoité la vierge d’orient, non pour l’aimer, mais la travestir
Il a troqué le précieux de ses parements au plastic des pacotilles.
11- Il l’a fardée à outrance, prostituée et vendue au plus offrant. Désormais elle erre dans les rues, spoliée.
12- Elle n’est plus, celle qui remplissait nos yeux de sa silhouette féline,
Tigresse sans tigritude,
Altesse sans majesté.
13- Elle n’est plus, l’agnelle qui séduisait par sa douceur
14- Mais comme une épée coupe dans un sens et son contraire,
Prends-toi une armure, ceints tes reins d’airain
15- Il a été donné de la vigueur au taureau du Basan, où se cachera l’homme puissant ?
16- Je t’apporte la paix, mais avant il y a l’épée.